• Vipère au poing, Hervé BAZIN

     

     

    Vipère au poing, Hervé BAZIN

     

     

    Résumé par Wikipédia.

    Durant l'été 1922, Jean et Ferdinand sont élevés par leur grand-mère paternelle dans le château familial de la Belle-Angerie, à quelques kilomètres d'Angers. Le décès de leur grand-mère oblige leurs parents, Jacques et Paule, à quitter la Chine où le père est cadre dans une université chinoise, pour revenir s’occuper de leurs enfants.

    Avec impatience et curiosité, les deux enfants attendent leurs parents et le petit frère qu’ils ne connaissent pas sur le quai de la gare. En se jetant sur leur mère pour l’embrasser, ils se font violemment repousser par cette dernière qui souhaite descendre tranquillement du train. Leur nouveau petit frère, Marcel, leur adresse un salut presque froid. Seul leur père les embrasse.

    De retour au château, la famille et le personnel sont convoqués dans la salle à manger pour écouter la nouvelle organisation de la famille : le père annonce un emploi du temps spartiate, avec messe dans la chapelle privée dès le commencement de la journée, vers 5 h 30, et à son achèvement vers 21 h 30. Pendant la journée, les études sont dispensées par l'abbé qui vit avec eux. Soudain, le père prend prétexte d’avoir des mouches à piquer pour se retirer, laissant ainsi sa femme, Paule, annoncer ses propres directives : les enfants n’auront plus le droit au café au lait le matin mais à la soupe, ils auront les cheveux tondus par mesure d'hygiène et, par sécurité, elle ôte les poêles, les édredons et les coussins dans leur chambre. Elle leur confisque tous leurs objets personnels. Quant aux heures de recréations, elles doivent être consacrées à l'entretien du parc. Pour ne pas user leurs chaussures et chaussettes, elle leur impose le port de lourds sabots, qu'ils « peuvent » porter avec de la paille s'il fait froid…

    En peu de temps, les enfants sont affamés, frigorifiés, privés de tout confort, de toute tendresse, et constamment sujets à des brimades, punitions ou humiliations de la part de leur mère, sous l'œil de leur père qui semble préférer ne rien voir pour éviter un conflit avec sa femme.

    Au cours des repas, elle n’hésite pas à piquer violemment un de ses fils avec la fourchette s'ils n’adoptent pas une tenue qu'elle considère correcte. Quand la gouvernante tente de s’interposer, Paule la renvoie immédiatement, comme elle l'a déjà fait pour tout le personnel, à l’exception de Fine, la vieille cuisinière, à sa merci du fait qu'elle est sourde et muette. Les enfants qui détestent leur mère lui trouvent le surnom qu'elle porte dorénavant en permanence : « Folcoche », contraction de Folle et Cochonne. Ils gravent partout où ils le peuvent des VF rituels, signifiant Vengeance à Folcoche. Jean, le narrateur, est le fils qu'elle déteste le plus car il fait preuve d'une certaine audace, notamment en la fixant intensément pendant les repas, "rituel" que les frères appellent « pistolétade ».

    (J'abrège ici car le résumé sur Wikipédia est trop long, pas assez synthétisé à mon goût). Les extraits que je vais mettre me semblent tellement plus éloquents). 

     

     

    (...)Mais ton regard est entré dans le mien et ton jeu est entré dans mon jeu. Toujours en silence, toujours infiniment correct comme il convient, je te provoque avec une grande satisfaction. Je te cause, Folcoche, m'entends-tu ? Oui, tu m'entends. Alors je vais te dire : "T'es moche ! Tu as les cheveux sec, le menton mal foutu, tes oreilles sont trop grandes. T'es moche, ma mère. Et si tu savais comme je ne t'aime pas. Je te le dis avec la même sincérité que le "va, je ne te hais point" de Chimène, dont nous étudions en ce moment le cornélien caractère. Moi, je ne t'aime pas. Je pourrais te dire que je te hais, mais ça serait moins fort. Oh! tu peux durcir ton vert de prunelle, ton vert-de-gris de poison de regard. Moi, je ne baisserai pas les yeux.(...)

     

    (...)Certes, nous étions satisfaits du départ de Folcoche. Heureux, non. On ne construit pas un bonheur sur les ruines d'une longue misère. Notre joie n'avait pas de boussole. Nous étions désorientés. J'imagine assez le désarroi des adorateurs de Molock et Kali, soudain privés de leurs vilains dieux. Nous n'avions rien à mettre à la place du nôtre. La haine, beaucoup plus encore que l'amour, ça occupe.(...)


  • Commentaires

    1
    Catiminy Profil de Catiminy
    Lundi 17 Juin 2013 à 10:52

    Ce roman, j'aurais aimé l'écrire. Ces sentiments, je les ai ressentis, non pas pour ma mère mais une autre femme qui a tenu ce rôle pendant 2 ans. 

    Ces mots sont puissants, le personnage est remarquable, fort. Jean, je l'aime. Il est l'esprit libre, la rebellion devant la dictature. Car la dictature, ce n'est pas seulement un homme face à une nation, la dictature peut être éprouvée au sein d'une famille. Ce roman, quand je l'ai découvert, je l'ai dévoré. Je vous le recommande. Ce n'est pas un roman poussièreux ni ennuyeux. Vraiment, je vous le recommande. 

    Baudelaire a écrit:" Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or". Hervé Bazin est allé chercher dans les miasmes de son coeur et en a ressorti ce chef-d'oeuvre.

    2
    Vanillette Profil de Vanillette
    Lundi 17 Juin 2013 à 17:05

    A en lire ce long résumé, et ce que tu en dis, effectivement, la dictature peut être partout. Cette femme ne méritait pas d'être aimée à son tour. J'ai subi des brimades, des privations. J'ai eu des manques certains d'affection. J'ai l'impression de faire parti de ce livre quelque part. Je n'ai pas souffert physiquement, mais psychologiquement. Bon, c'est du passé.. Maintenant, je vis, je vis... je vis..

    3
    Catiminy Profil de Catiminy
    Lundi 17 Juin 2013 à 18:39

    au delà de l'histoire, il y a l'écriture qui est un régal!

    4
    Monâme Profil de Monâme
    Dimanche 7 Juillet 2013 à 18:05

    j ai ce bouquin en livre de poche qu un voisin m a pretée ... je ne l'ai pas encore lu , je le vois tiens sur l'étagère ... sourire ... je voulais le lui rendre alors il va peut être attendre 

    5
    Catiminy Profil de Catiminy
    Dimanche 7 Juillet 2013 à 21:57

    Ben je suis bien contente alors si mes tits articles donnenet envie de lire ou relire certains romans :-)

    bisous

    6
    Mercredi 6 Novembre 2013 à 17:00

    Que de souvenirs ce livre! Lorsque je l'ai découvert il m'a servi de "soutien" .Combien de fois justement ai-je bravé ma génitrice en utilisant la puissance du regard quand on m'imposait le silence des mots . Mon prof de philo bien des années plus tard me disait que mes silences étaient plus faciles à supporter qu'un seul de mes regards de désapprobation . Et j'ai continué à cultiver ce langage .Merci Monsieur Bazin .

    7
    Mercredi 6 Novembre 2013 à 17:02

    ;-)

     

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